16 mars 2017

Apocalypse bébé




Valentine Galtan, adolescente énigmatique et difficile, a disparu.
La narratrice, Lucie, anti-héroïne trentenaire, détective privée sans conviction ni talent engagée par la grand-mère de Valentine pour surveiller ses faits et gestes, l’a perdue sur un quai de métro parisien. Comment la retrouver ? Que faire des édifiantes photos de Valentine qui la montrent si expérimentée avec les garçons ? Aurait-elle rejoint sa mère, qu’elle n’a jamais connue, à Barcelone ? Le mieux pour Lucie serait de faire équipe avec la Hyène, une « privée » aux méthodes radicales, une femme puissante, au corps souple, plein d’une violence qui s’exprime par saccades : moyennant finances, et aussi par amusement, La Hyène accepte le marché.
Voici les collègues mal appariées, l’une lesbienne volcanique, l’autre hétéro à basse fréquence, qui traversent la France et l’Espagne jusqu’à Barcelone à la recherche d’une petite fugueuse, une gosse mal grandie, une fille de la bourgeoisie qui finira, on ne vous en dit pas plus, par rejoindre le camp des irréductibles.



Lu dans le cadre du challenge ABC 2017, ce livre fut également un emprunt à mon homme. Ce dernier me l’avait prêtée en m’assurant que je ne comprendrai rien, qu’il y avait trop de personnages présentés en même temps pour que je m’y retrouve.

En effet, nous ne sommes pas loin de devoir faire une sorte d’arbre généalogique pour se retrouver dans ce flux social. Si l’on est au premier abord dépaysé par cette masse qui ne semble entretenir aucun lien entre eux, on finit, en tant que lecteur, par s’y habituer et à prendre le train en marche sans se prendre la tête. En revanche, je comprendrai qu’un lecteur novice puisse se sentir perdu pour un tel départ.

Car au départ, on découvre une jeune femme névrosée. Enfin, j’emploie un grand mot mais je veux simplement dire qu’elle n’a pas grandi dans sa tête, elle fait des boulots en espérant ne pas les perdre au bout de quelques mois, elle ne gagne pas un salaire démentiel et s’habille toujours comme une femme de vingt ans. Lucie, personnage atypique car marginal, se découvre de l’intérieur par une vue à la première personne.
Ce n’est pas la seule à s’effeuiller de la sorte. François, le père écrivain de la portée disparue, Claire, voire la Hyène même, tous vont finalement s’ouvrir à nous, parfois avec plaisir, à d’autres moments avec difficultés et résistances. Ce roman est le dénonciateur des différences sociales, des divergences de comportement selon notre statut dans la société. On peut croire que l’aspect thriller est l’enjeu de l’intérêt du roman. En refermant ce bouquin, on devine ô combien on n’a pu se fourvoyer. Ce roman est une satire du début à la fin, que ce soit sur l’appréhension de chacun de l’homosexualité, des iniquités sociales, voire même de l’Eglise. Oui, l’Eglise est évoquée à la toute fin, comme pour marquer plus durablement le coup sur ce que l’institution a pu commettre et commet encore.
Le thriller permet de faire avancer l’histoire, de changer de décors, de cibler une nouvelle victime à la satire. Y’a quelque chose de dérangeant dans cette lecture, sans parvenir à mettre le doigt dessus. A moins que ce soit nous qui sommes mis en porte à faux. Et là, c’est le drame…

Les personnages sont tous hétéroclites, permettant une meilleure satire. Aucun n’est laissé de couteau, ils sont tous passés sous le laser dénonciatif. Entre un père totalement absent dans l’éducation de sa fille, une grand-mère étouffante qui s’est prise pour une mère, la véritable mère incapable d’amour envers toute personne susceptible d’être pauvre, une lesbienne garçonne dans son comportement et pourtant si juste, quoique dérangeante, dans ses réflexions, tout est mis en œuvre pour déranger le confort du lecteur et l’amener à une profonde réflexion.

Il en va de même pour la plume. Vulgaire à souhait, tapageuse, décalée, elle offre une perspective nouvelle de la littérature, bien loin des plumes convenues des autres auteurs contemporains.

Toutefois, je fus embarquée par une certaine lassitude alors que la critique s’éternise, et j’ai ressenti comme une sorte de soulagement en refermant le livre. Je ne saurai dire si c’était le creux de l’intrigue ou la plume acerbe qui en fut la cause…
En tout cas, je ne sais pas si je serai capable de lire un autre ouvrage de Virginie Despentes. C’était accrocheur, mais peut-être qu’une fois suffit amplement, d’autant plus si les autres ouvrages sont dans la même veine.



Un livre qui dépote par une plume acerbe et vulgaire. Celle-ci finit tout de même par lasser, rejoignant le creux laissé par une intrigue trompeuse. Le résumé met en avant un thriller porté sur la disparition ou la fugue d’une adolescente, on aboutit sur une satire sociale claquante de vérités. A lire peut-être une fois dans sa vie, mais je ne sais pas si retenter l’aventure avec un autre titre vaut tant que ça le coup. Une lecture agréable quand on a que ça sous la main.



11/20


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