28 mai 2015

Le Roi des Fauves

Synopsis :
                Poussés par une famine sans précédent, trois amis, Kaya, Ivar et Oswald, prennent le risque de braconner sur les terres de leur seigneur, mais son fils les surprend. Au terme d’une lutte acharnée, ils laissent le noble pour mort. Capturés et jugés pour tentative de meurtre, les trois amis sont condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en « berserkirs ». Au bout de sept jours de lente métamorphose, ils seront devenus des hommes-bêtes, et leur raison s’abîmera dans une rage inextinguible. Le temps de cette transformation, ils sont enfermés dans Hadarfell, un ancien royaume abandonné, dont le passé et l’histoire ont été engloutis par le temps…

Mon avis :

            Je tiens tout d’abord à remercier la Team Livraddict pour m’avoir choisi pour ce partenariat, mais également les éditions Scrinéo qui, pour la seconde fois en deux partenariats, m’ont fait découvrir un roman très plaisant.

            Dés les premières pages, le lecteur est introduit dans une atmosphère sombre où les plus faibles subissent une longue famine alors que les plus puissants vivent dans la richesse et le confort. On devine ainsi une ambiance pesante, où les habitants les plus démunis seront prêts à tout pour survivre. L’objectif de l’histoire ne repose pourtant pas dans ces inégalités au sein d’une région, mais plutôt dans un souhait de vengeance venant d’un personnage mystérieux.
           
            C’est ainsi que nous entamons les aventures des trois héros : Ivar, Kaya et Oswald. Chacun possède des atouts et des faiblesses, nuançant leur personnalité et les rendant humains.
            Ivar apparaît rapidement comme une sorte de meneur de la petite bande, même s’il se dispute le beau rôle avec Kaya. Bien bâti, Ivar reste pourtant une personne douce et sensible, qui n’hésite pas à venir en aide et à encourager ses amis dans les moments les plus difficiles. Comme on le découvre également en début d’œuvre, c’est un jeune homme posé qui prend le temps de réfléchir avant de passer à l’action, même dans les moments les plus extrêmes.
            Kaya est une jeune femme tendant vers la même personnalité qu’Ivar. Enjouée et courageuse, elle n’hésite pas à enfreindre les lois de sa province afin de survivre. Pourtant, les épreuves qu’elle sera amenée à endurer la changeront dans toute sa profondeur, elle qui deviendra égoïste et violente. Ce développement-ci de sa personnalité l’a rendue antipathique à mes yeux, même si cela n’a gâché en rien mon plaisir de lire.
            Enfin se trouve Oswald. Il faut avouer que c’est le plus faible de la bande, par son esprit peureux et son envie récurrente d’abandonner la lutte, mais ce personnage permet aussi de colorer l’histoire. De plus, son côté couard le rend très humain, et par conséquent très attachant.
            Et comme on le verra au cours de la lecture, ces trois membres forment un tout que rien ne doit briser s’ils veulent parvenir à leurs fins…

            L’intrigue est jonchée de nombreux éléments qui permettent d’accroître l’intérêt du lecteur sans causer une lassitude. L’action est naturellement mise au premier plan, avec des rebondissements intéressants dont certains sont prévisibles et d’autres très surprenants. Cela prodigue toutefois un rythme rapide dans la narration et je ne me suis jamais ennuyée au cours de cette lecture. Cependant l’émotion détient également une part importante dans le récit, et l’on en vient à appréhender, craindre, espérer, sourire, au même titre que les personnages.
            La description est discrète dans le récit, pourtant les décors m’ont touchée par leur simplicité et leur authenticité, leur aspect sombre, sauvage, mystérieux et envoûtant à la fois. A plusieurs reprises j’ai assimilé les paysages à ceux de l’Irlande actuelle, pays que j’aime au plus haut point par les recoins abrupts et les légendes qui s’y cachent, si bien que cela ne peut être que positif pour Le Roi des Fauves.
            J’ai aussi énormément apprécié l’aspect des berserkirs, ces êtres mi-hommes mi-bêtes, à la fois conscients et sauvages, la part animale reflétant finalement la personnalité de chaque personnage. J’ai toujours adoré ce type de mythologies et l’utilisation qu’en fait ici l’auteure m’a grandement comblée. Cela m’a également donné l’envie d’en apprendre davantage sur ces créatures, chose rare pour être précisée ici.

            Le style est simple, facile à appréhender, sans toutefois tomber dans un caractère enfantin. Ce livre se destine aussi bien à un jeune public dont l’esprit souhaite s’échapper vers d’autres contrées lointaines, qu’à un public plus mature qui aurait besoin de légèreté.
            Toute l’histoire est livrée au travers des yeux d’Ivar, évoqué plus haut, ce qui est à la fois un choix pertinent puisqu’il est au centre de l’intrigue. Toutefois, j’aurai aimé un point de vue plus omniscient dans certains passages, notamment celui des transformations en berserkirs, qui auraient permis de recueillir plusieurs « témoignages » des effets que cette métamorphose procure. Mais ce n’est qu’un détail pointilleux, qui ne gâche en rien le plaisir de la lecture.

            Habituellement à la fin de mes lectures, j’aime bien faire le point sur la portée interprétative de l’œuvre. Ici, j’ai eu beau réfléchir et retourner l’ensemble dans tous les sens, je n’ai pas réussi à en tirer grand profit, si ce n’est de croire en soi, de ne pas se laisser abattre par les premiers obstacles. Certes, c’est une interprétation bien maigre, qu’on retrouve facilement dans d’autres récits, mais l’intérêt de ce livre ne réside pas en là et il m’a tellement fait passer un bon moment que je ne lui en garde pas rancune.

            Et je souhaite tout de même ajouter un petit commentaire sur l’illustration de la première de couverture, qui est tout simplement sublime. Le choix des couleurs, la typographie, le mélange des animaux… Je fus conquise au premier cœur d’œil.

            En conclusion, un livre qui m’a bien plu par ses personnages attachants, ses décors à la fois discrets et envoûtants et l’utilisation faite des berserkirs, créatures mythologiques que l’on retrouve rarement dans des œuvres. L’auteure développe donc un mythe original, le tout entraîné par un style simple et léger qui permet une meilleure attache à l’intrigue. Quelques légers points négatifs font que ce ne sera pas un coup de cœur, mais c’est certes une lecture que je n’oublierai pas de sitôt.

            A nouveau un grand merci à la Team Livraddict et aux éditions Scrinéo pour cette belle découverte ! 


17/20


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